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Famille des langues sioux-catawba ou siouanes
Données sur les langues siouanes
Où sont parlées les langues siouanes ?
Ces langues sont parlées en Amérique du Nord, essentiellement dans la région appelée « Les Grandes Plaines » au centre du Canada (dans les provinces de l’Alberta et du Saskachewan) et des Etats-Unis (dans les états du Montana, du Dakota du Nord, du Nebraska et du Wisconsin).
Qui parle ces langues ?
Les locuteurs de langues siouanes sont des membres des « Premières Nations » nord-américaines, qui habitaient la région bien avant l’arrivée des Européens et la création des Etats-Unis et du Canada. La famille sioux-catawba est la deuxième plus grande famille de langues amérindiennes en Amérique du Nord, après la famille algique.
Nombre total de locuteurs (estimation) :
Environ 32 000 selon l’UNESCO (UN)
Environ 31 000 selon le site ethnologue.com (SIL)
Classification
La famille des langues siouanes compte à ce jour 8 langues.
Sous-famille siouane
Branche Missouri
Crow (noms alternatifs : apsaloka ; apsaroka ; upsaroka) : 3 500 locuteurs selon UNESCO et 4 280 selon SIL
Hidatsa (noms alternatifs : gros ventre, minitari) : 200 locuteurs selon UNESCO et 100 selon SIL
Mandan : moins de 10 locuteurs selon UNESCO et SIL
Branche Mississippi
Groupe des langues Dakotanes
Assiniboin(e) : 250 locuteurs selon UNESCO et SIL
Siouan : 25 000 locuteurs selon UNESCO et SIL
Stoney (nom alternatif : assiniboine de l’alberta) : 2 765 locuteurs selon UNESCO et 1000 à 1500 selon SIL
Groupe des langues Winnebago-Chiwere
Chiwere : éteint
Winnebago (noms alternatifs : hocàk ; hochunk ; hocangara) : 250 locuteurs selon UNESCO et SIL
Groupe des langues Dheghiha
Kansa (noms alternatifs : kaw, osage) : éteint
Omaha-Ponca : 50 locuteurs selon UNESCO et 80 selon SIL
Quapaw (nom alternatif : arkansas) : éteint
Branche Sud
Tulelo (nom alternatif : saponey) : éteint
Groupe des langues Ofo-Biloxy : éteint
Biloxi
Ofog (nom alternatif : ofogoula)
Sous-famille catawbane : éteinte
Catawba
Woccon (noms alternatifs : waccon ; wacon)
Commentaire sur la classification des langues siouanes :
Nous suivons ici la classification de Mithun (1999), considérée comme largement consensuelle.
Les trois branches de la sous-famille siouane sont identifiées depuis longtemps, mais au sein de ces branches la classification peut varier selon les auteurs et les sources.
La position du mandan est incertaine. A cause de nombreux emprunts au hidatsa et à d’autres langues de la sous-famille siouane, il est parfois classé comme une langue missouri. Il peut parfois être classé comme une langue de la branche Mississippi. D’autres, face à l’absence de preuve évidente, le considère comme un isolat au sein de la sous-famille siouane.
Au sein de la branche Mississippi, les trois langues dakotanes ont longtemps été considérées comme trois dialectes d’une même langue, ce qui n’est plus vraiment le cas de nos jours. Enfin, les langues winnebago et deghiha sont proches et parfois classées dans un seul et même groupe.
Les deux langues de la sous-famille catawbane étaient probablement très proches, certaines sources les considèrent même comme deux dialectes d’une même langue.
Il y a eu des propositions pour regrouper les langues siouanes avec les langues caddoanes et iroquoiennes, et les rassembler sous l’appellation de la famille « macro-siouane ». Un tel regroupement est considéré comme hypothétique de nos jours par la majorité de la communauté linguistique, raison pour laquelle nous ne l’avons pas présenté ici. La langue isolée yuchi a été parfois également rapprochée des langues siouanes, mais ce rapprochement, bien que vu comme prometteur, n’est pas considéré comme suffisamment prouvé pour le moment.
Les langues siouanes sont elles en danger ?
Oui. Toutes les langues de la branche siouane sud et de la sous-famille catawbane sont éteintes, tout comme le chiwere (selon l’UNESCO). L’ensemble dialectal omaha-ponca serait le dernier survivant du groupe des langues dheghiha, mais serait probablement en passe de s’éteindre aussi d’ici une dizaine d’années. En effet, il ne reste que quelques dizaines de locuteurs âgés. Le mandan est également très proche de l’extinction, s’il n’est pas déjà éteint. L’assiniboin est considéré comme étant « en situation critique » par l’UNESCO, tout comme le hidatsa et le winnebago.
Le stoney, le sioux, et le crow semblent un peu moins en danger dans un futur proche. Leur avenir n’est pas pour autant assuré à terme.
Eléments ethnographiques
Comment vivaient les locuteurs des langues siouanes avant la colonisation ?
Il y avait des différences culturelles entre les diverses Nations locutrices de langues sioux-catawba. Ils vivaient dans la région des Grandes Plaines d’Amérique du Nord, et dans les vallées du Mississippi et du Missouri. La plupart, comme les Crows ou les Sioux, suivaient le mode de vie semi-nomade des tribus des Grandes Plaines.
Ils étaient chasseurs (pour les hommes) et cueilleurs (pour les femmes) et ne pratiquaient que peu ou pas l’agriculture. L’hiver, ils vivaient dans des villages sédentaires et habitaient dans des habitations communautaires, de forme circulaire et souvent faites en terre et en bois. La construction des habitations et l’organisation des villages étaient très structurées, à l’image de leurs sociétés. Chez les Omaha, par exemple, l’entrée des habitations faisait face à l’Est, pour laisser passer la lumière du soleil levant et rappeler à ses habitants leurs origines célestes. Chacune de ces habitations pouvait abriter plusieurs familles. Les villages d’hiver omahas étaient organisés en cercle. Dans la moitié nord habitaient les familles du « ciel » qui s’occupaient des besoins spirituels de la tribu, dans la moitié sud habitaient les familles de « la terre », en charge des besoins matériels.
Lors de la saison chaude, les tribus partaient dans des longues campagnes de chasses, en suivant les migrations des troupeaux de bisons. Pendant cette période, ils habitaient dans des « tipis ». Les tipis étaient des tentes coniques faites de poteau de bois et tendus de peaux de bisons cousues. Ces habitations étaient pratiques pour cette période nomade de l’année, car faciles à monter et démonter.
D’autres tribus, en revanche, les tribus Hidatsas par exemple, étaient plus sédentaires et pratiquaient l’agriculture. Les Hidatsas étaient aussi d’excellents commerçants et leurs villages servaient souvent de points de rencontre pour les échanges commerciaux entre les différentes tribus des Grandes Plaines ; ils aménageaient en quelque sorte des marchés.
Comment étaient-ils organisés ?
Les communautés étaient très structurées, chaque Nation ayant sa propre organisation. De manière générale, l’affiliation et l’appartenance à un clan était matrilinéaire, c’est à dire qu’il se déterminait par la mère et non par le père.
La position du chef n’était pas une position de « leader unique ». La société crow, par exemple, était composée de plusieurs fraternités qui avaient chacune un rôle bien défini. Un jeune homme pouvait joindre ces sociétés selon son désir et la tradition de son clan. Parmi ces « fraternités » on trouvait par exemple « l’Akicita » qui réunissait les guerriers et les chasseurs, ou le « Naca » conseil des leaders et des anciens. C’est ce conseil des anciens qui désignait les chefs. Il n’y avait rarement qu’un seul chef. Ceux-ci étaient les porte-paroles du conseil, réglaient les différends au sein de la communauté et étaient chargés de la diplomatie avec les autres tribus. Ils étaient en général choisis parmi les clans « nobles », mais certains « roturiers » particulièrement valeureux pouvaient atteindre ce statut. Le chef « Crazy Horse » est un exemple célèbre de chef « roturier ».
Sources:
Mithun, Marianne The languages of Native North America. Cambridge, UK: Cambridge University Press. (1999).
Campbell, Lyle. American Indian languages: the historical linguistics of Native America. Oxford: Oxford University Press. (1997)
Site dédié au langues amérindiennes (en anglais):
http://www.native-languages.org/
Site de la tribu Crow (en anglais)
http://www.crowtribe.com/index.htm
Site officiel des Nations affiliées: Mandan, Hidatsa and Arikara
Si vous avez des informations complémentaires sur cette langue n'hésitez pas à nous contacter : contact@sorosoro.org