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Famille des langues salish
Données sur les langues salish
Où sont parlées les langues salish ?
Ces langues sont parlées en Amérique du Nord, essentiellement dans une province de la côte ouest du Canada, la Colombie Britannique, et dans un Etat de la côte ouest des Etats-Unis, l’Etat de Washington. Seul le Cœur d’alène est parlé dans l’Idaho, aux Etats-Unis.
Qui parle les langues salish?
Les locuteurs de langues salish sont des membres de « Premières Nations » nord-américaines, qui habitaient la région bien avant l’arrivée des Européens et la création des Etats-Unis et du Canada.
Nombre total de locuteurs (estimations) :
1850 selon l’UNESCO
2250 selon le site ethnologue.com
Classification
La famille des langues salish compte à ce jour 14 à 15 langues.
Bella Coola (nom alternatif : nuxalk) : 50 locuteurs selon UNESCO et 20 selon SIL
Groupe de la Côte
Sous-famille salish du centre
Branche Nord-Georgia
Comox-Sliammon: 20 locuteurs selon UNESCO et 400 selon SIL
Pentlatch: éteint
Sechelt (nom alternatif : sháshíshálh) : 15 locuteurs selon UNESCO et 40 selon SIL
Branche Sud-Georgia
Halkomelem: 375 locuteurs selon UNESCO et 200 selon SIL
Nooksack : éteint
Squamish: 15 locuteurs selon SIL
Sous-Groupe Lkungen :
Klallam : peut-être 2, mais aucun n’est locuteur natif selon UNESCO
Lushootseed (noms alternatifs : puget salish, skagit-nisqually) (ensemble dialectal) : moins de 5 locuteurs selon UNESCO
Northern Straits (ensemble dialectal) : 65 locuteurs selon UNESCO
Twana : éteint
Sous-famille Tsamosane
Sous-Groupe Maritime:
Bas-Chehalis : éteint
Quinault : éteint récemment selon UNESCO et SIL
Sous-groupe de l’intérieur
Cowlitz : éteint
Haut-Chehalis : éteint
Tillamook : éteint
Groupe de l’intérieur
Branche Nord
Lillooet (nom alternatif : st’at’imcets) : 200 locuteurs selon UNESCO et SIL
Shuswap : 570 locuteurs selon UNESCO et 500 selon SIL
Thompson (noms alternatifs : nlaka’pamux, ntlakapmuk) : 335 locuteurs selon UNESCO et 595 selon SIL
Branche Sud
Coeur d’Alene (nom alternatif : snchitsu’umshtsun) : pas plus de 4 locuteurs selon UNESCO
(Moses) Columbia (n): 25 locuteurs selon UNESCO et 75 selon SIL
Okanagan : 130 locuteurs selon UNESCO et 400 selon SIL
Spokane-Kalispel-Flathead : moins de 60 locuteurs pour les 3 dialectes selon UNESCO
Commentaires sur la classification des langues salish :
La distinction entre les groupes de langues salish de l’intérieur et de la côte est identifiée depuis longtemps.
Le nuxalk est classé par certaines sources avec les langues de la côte, mais Mithun (1999) note que si cette langue est géographiquement proche des autres langues de la côte, elle n’est linguistiquement pas plus proche de ces langues que des langues de l’intérieur. De plus elle présente de très nombreux emprunts (environ 30% de son lexique) à des langues géographiquement voisines ; des langues athabaskanes, tsimshianes, et surtout wakashanes. Mithun la classe donc comme un isolat au sein de la famille salish ; nous avons suivi sa classification, celle-ci étant globalement consensuelle.
Le halkomalen est un ensemble d’une dizaine de dialectes, le klallam un ensemble de trois dialectes et le northern straits, tout comme le spokane-kalispel-flathead, un ensemble de 6 dialectes.
NB : le terme de « Famille mosane » désigne un ensemble de langue rassemblant les langues salish, wakashanes et chimakuanes. Cela étant, les similarités entre ces trois familles de langues sont plutôt attribuées à des emprunts dus à leur proximité géographique, qu’à l’existence d’une « langue ancêtre » dont descendraient ces trois familles. Certains ont fait un rapprochement entre des langues salish et la langue kootenai, isolat géographiquement proche du flathead. Toutefois, ce rapprochement, bien que généralement considéré comme prometteur, reste insuffisamment prouvé.
Les langues salish sont-elles en danger ?
Oui. Sur les 23 langues de cette famille, 6 ont disparu au cours des deux dernières décennies. L’ultime locuteur natif de quinault est mort très récemment et les langues de la sous-famille Tasamosane sont désormais toutes éteintes. Le klallam n’aurait plus de locuteurs natifs non plus, et la question se pose de savoir si le cœur d’alene est toujours une langue vivante. Quant aux langues salish encore actives, elles risquent sérieusement de disparaître dans les deux décennies à venir. La très grande majorité de ces langues est classée “en situation critique” selon les critères de l’UNESCO (niveau 4 sur une échelle de 5). L’oknagan est la seule langue qui, selon l’UNESCO, n’a pas dépassé le niveau 2 (« en danger »), mais avec seulement quelques centaines de locuteurs âgés, son avenir n’est pas moins menacé. Bien que ces langues soient étudiées et documentées depuis longtemps, les projets de revitalisation commencent à peine à être mis en place.
La Nation nuxalk, par exemple, propose des cours de nuxalk à ses enfants dans le cadre de son « école autochtone» :
http://www.nuxalknation.org/content/blogcategory/43/71/
Un autre exemple est l’institut privé de revitalisation du Montana Salish (dialecte du spokane-kalispel)
Eléments ethnographiques
Comment vivaient les locuteurs des langues salish avant la colonisation ?
Il y avait des différences culturelles entre les diverses Nations locutrices de langues salish, les territoires de ce s nations couvrant une vaste zone du nord-ouest de l’Amérique du Nord. On peut, de manière imprécise, distinguer deux grands groupes culturels : les Nations salish de la côte et les Nations salish de l’intérieur.
– Les tribus de la côte pratiquaient des échanges commerciaux avec les autres tribus de la région (les tribus wakashanes par exemple) et partageaient, dans l’ensemble, le mode de vie caractéristique de la région : essentiellement sédentaires, vivant dans des « maisons communautaires » (surtout pendant l’hiver), ils pratiquaient la pêche, principalement du saumon.
Leurs sociétés étaient hiérarchisées, distinguant 4 classes sociales : « les nobles », « les aristocrates », les « roturiers » et les esclaves (souvent des ennemis vaincus). Comme les tribus wakashanes, les Squamish pratiquaient le « Potlatch » et partageaient avec les chinooks la pratique de la « déformation crânienne ».
-Les tribus de l’intérieur, elles, avaient des échanges commerciaux essentiellement avec les tribus des Grandes Plaines et suivaient un mode de vie très proche : semi-nomades, certaines tribus comme les flatheads partaient dans de longues campagnes de chasses sur un vaste territoire. Pendant ces campagnes, essentiellement en été, ils vivaient dans des tipis, faciles à monter et démonter.
– Les tribus de l’intérieur, elles, entretenaient des échanges commerciaux essentiellement avec les tribus des Grandes Plaines et suivaient un mode de vie très proche de ces dernières. Elles étaient semi-nomades, et certaines, les flatheads par exemple, partaient pour de longues campagnes de chasse sur un vaste territoire. Pendant ces campagnes, qui se déroulaient essentiellement en été, ils vivaient dans des tipis, faciles à monter et démonter.
« Flathead », qu’est-ce que ça signifie ?
En anglais, « flathead » signifie tête plate. Ce terme a été utilisé par les premiers colons pour désigner avant tout les Salish du Montana et de l’intérieur. Il s’agit en fait d’un malentendu. Les Flatheads, contrairement à certaines tribus salishs de la côte et aux chinooks, ne pratiquaient pas la déformation crânienne. Cependant, dans l’interlangue des signes utilisée dans la région pour communiquer entre locuteurs de différentes langues, ils étaient désignés en pressant la tête entre les deux mains ; probablement pour signifier qu’ils n’avaient pas le front allongé comme les nobles chinooks, par exemple. Mais cette incompréhension a parfois conduit les colons à désigner sous ce terme les tribus utilisant cette pratique culturelle, entraînant une grande confusion entre les différents groupes salish dans l’imaginaire américain.
Sources:
Mithun, Marianne The Languages of Native North America. Cambridge, UK: Cambridge University Press. (1999).
Campbell, Lyle. American Indian languages: the historical linguistics of Native America. Oxford: Oxford University Press. (1997)
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