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Famille des langues muskogéennes
Données sur les langues muskogéennes
Où sont parlées les langues muskogéennes?
Avant la colonisation, ces langues étaient parlées sur un vaste territoire situé dans le Sud-Est des Etats-Unis d’aujourd’hui. Désormais elles sont parlées dans les états de l’Oklahoma, du Mississipi, de la Louisiane, du Tennessee, du Texas et de la Floride.
Qui parle ces langues?
Les locuteurs sont des membres des « Premières Nations » nord-américaines : la Nation Choctaw, la Nation Chikasaw, la Nation Alabama-Coushatta, la Nation Mikusaki, les Nations Séminoles de Floride et d’Oklahoma et la Nation Muscogee, qui habitaient la région bien avant l’arrivée des Européens et la création des Etats-Unis.
Nombre total de locuteurs (estimation) :
17 250 selon l’UNESCO
16 700 selon le site ethnologue.com (SIL)
Classification
La famille des langues muskogéennes compte à ce jour 5 langues.
Branche Ouest
Choctaw-Chikasaw : 11 000 locuteurs selon UNESCO et SIL
Branche Centrale
Alabama (nom alternatif : alibamu) : 275 locuteurs selon UNESCO et 100 selon SIL
Apalachee : éteint
Hitchiti-Mikisaki : 500 locuteurs selon UNESCO et 400 selon SIL
Koasati (nom alternatif : coushatta) : 475 locuteurs selon UNESCO et 200 selon SIL
Branche Est
Creek (noms alternatifs : muskogee, maskoke, séminole) : 5 000 locuteurs selon UNESCO et SIL
Commentaires sur la classification des langues muskogéennes :
Les langues muskogéennes sont extrêmement difficiles à classifier et il y a de nombreuses classifications internes proposées par les linguistes. Nous suivons ici celle de Mithun (1999), qui est la plus consensuelle. Une des difficultés dans la classification de ces langues réside dans leur proximité géographique et dans les nombreux emprunts mutuels qui en résultent. De plus, certains locuteurs sont bilingues : par exemple, certains locuteurs d’alabama parlent aussi koasati (bien que les deux langues ne soient pas mutuellement intelligibles) et beaucoup de Seminoles de Floride parlent le mikasuki.
Il y a eu des propositions pour inclure différents isolats géographiquement proche dans la famille muskogéenne, tels que l’atakapa, le chitimacha, le tunica et le natchez, mais un tel regroupement est désormais rejeté par une majorité de linguistes.
Les langues muskogéennes sont-elles en danger ?
Oui, l’apalachee est désormais une langue éteinte, et les trois autres langues de la branche centrale, parlées par quelques centaines de locuteurs agés sont « sérieusement en danger » selon les critères de l’UNESCO. L’ensemble dialectal chowtaw-chikasaw et le creek (séminole) sont dans une situation un peu moins difficile, mais leur avenir demeure tout de même incertain.
Eléments ethnographiques
Comment vivaient les locuteurs des langues muskogéennes avant la colonisation ?
Les peuples locuteurs de langues muskogéennes ont des cultures et des histoires très diverses mais partagent néanmoins certains traits communs.
Les historiens les voient comme les descendants de la Civilisation Mississippi, qui a dominé la région du 8ème au 15ème siècle. Ils n’étaient pas nomades, au contraire des Creeks, par exemple, et pratiquaient l’agriculture. Avant l’arrivée des Européens, ils vivaient dans un réseau de villes et de villages, qui étaient fortifiés par un système de remblais de terre et de palissades. Ces villes étaient organisées autour d’une place centrale où s’élevait le Pascova, un édifice, parfois bâti sur une pyramide de terre, dédié aux cérémonies religieuses et à d’autres événements communautaires.
Au sein des villes creek, les habitants vivaient dans des « maisons communautaires » en bois, en général abritant une famille qui pouvait compter jusqu’à une vingtaine de membres.
Comment étaient-ils organisés ?
Ces nations, les Creeks, les Choctaw ou les Séminoles par exemple, n’étaient pas des « tribus » mais plutôt des confédérations de villages s’associant pour se protéger mutuellement des tribus ennemies. Ces confédérations pouvaient de fait être composées de plusieurs tribus. La confédération creek, qui s’appelait « Italwa » était composée entre autre de tribus Hitchi, Alabama et Coushatta. Au sein de ces confédérations, chaque ville était une entité autonome qui possédait ses propres terres.
Si les relations familiales étaient importantes, c’est surtout l’appartenance à un clan (une alliance de familles) qui déterminait un individu. Les clans étaient matrilinéaires, c’est à dire que l’appartenance à un clan se déterminait par la mère. Et au sein d’un clan creek, par exemple, c’était souvent l’oncle maternel (le frère de la mère) qui jouait le rôle de tuteur et de modèle pour un enfant mâle.
Qu’est que le « Lacrosse » ?
Le jeu de « Lacrosse » ou « stickball » est probablement le plus vieux jeu en équipe de l’Amérique du Nord. C’était un sport traditionnellement pratiqué par les peuples autochtones du Sud et de l’Est des Etats-Unis. Il était parfois perçu comme une manière « civilisée » de régler des différends entre deux villes ou villages. Il se joue avec une petite balle de fourrure et une crosse en bois et en peau. Celle-ci peut avoir des formes variées, mais ressemble un peu à un croisement entre une raquette de tennis étroite et un gant de Chistera.
Le principe est d’emmener la balle avec la crosse jusqu’à l’en-but adverse. Toucher la balle avec la main était interdit, et esquiver l’adversaire considéré comme une lâcheté.
En général, le terrain de jeu était situé entre les deux villes, et pouvait parfois mesurer des kilomètres (la distance d’une ville à l’autre). Quant au nombre de participants, il pouvait monter jusqu’au millier ! Les parties étaient souvent tellement disputées et violentes qu’un des noms Choctaw pour ce jeu était « le petit frère de la guerre ».
Sources:
Mithun, Marianne The languages of Native North America. Cambridge, UK: Cambridge University Press. (1999).
Campbell, Lyle. American Indian languages: the historical linguistics of Native America. Oxford: Oxford University Press. (1997)
http://www.native-languages.org/
Un article en ligne de N. Hopkins, dédié aux langues amérindiennes du Sud-Est des Etats-Unis (en anglais):
http://www.famsi.org/research/hopkins/SouthEastUSLanguages.pdf
Si vous avez des informations complémentaires sur cette langue n'hésitez pas à nous contacter : contact@sorosoro.org