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Famille des langues chimakuanes ou chimakoines
Données sur les langues chimakuanes
Où sont parlées les langues chimakuanes ?
Ces langues sont parlées par des peuples autochtones d’Amérique du Nord, dans la région de la Péninsule Olympique, dans l’état de Washington, sur la côte Ouest des Etats-Unis.
Qui parle ces langues ?
Les locuteurs de langues chimakuanes sont des membres des « Premières Nations » nord-américaines, qui habitaient la région bien avant l’arrivée des Européens et la création des Etats-Unis et du Canada. De nos jours, la plupart des locuteurs de quileute habitent dans la réserve Quileute dans l’état de Washington, principalement dans le village de La Push.
Classification
La famille des langues chimakuanes compte à ce jour une seule langue.
Chemakum (nom alternatif : chimakum) : éteint
Quileute (nom alternatif : quillayute) : éteint selon UNESCO et environ 10 locuteurs selon SIL
Commentaires sur la classification des langues chimakuanes :
Le terme de « Famille Mosane » désigne un ensemble de langues rassemblant les langues salishs, wakashanes et chimakuanes. Cela étant, les similarités entre ces trois familles de langues sont plutôt attribuées à des emprunts dus à leur proximité géographique, qu’à une « langue ancêtre » dont descendraient ces trois familles de langues.
Nous utilisons ici la classification proposée par Mithun (1999), considérée comme largement consensuelle.
Les langues chimakuanes sont-elles en danger ?
Oui, cette famille est dans son ensemble en très grand danger d’extinction, si elle n’est pas déjà éteinte. En effet, le dernier locuteur natif de chemakum a disparu dans les années 40. Le nombre de locuteur natif de quileute est moins bien défini, mais il est forcément bas : l’UNESCO considère le quileute comme une langue éteinte, et le SIL cite une dizaine de locuteurs très âgés. S’il n’est donc pas déjà éteint, le quileute le sera probablement dans les années à venir. Pour endiguer cette extinction, un projet de revitalisation du quileute existe depuis 2007 :
http://www.quileutenation.org/index.cfm?page=culture_language.html
Eléments ethnographiques
Comment vivent les locuteurs de langues chimakuanes ?
Les membres de ces nations autochtones avaient traditionnellement un mode de vie tourné vers la mer. Ils étaient des pêcheurs renommés et pratiquaient la chasse à la baleine, qu’ils effectuaient généralement dans de grands canoës en cèdre, pouvant mesurer jusqu’à 60 mètres et porter 3 tonnes de chargement. Contrairement aux stéréotypes concernant les peuples autochtones, ils n’étaient pas nomades et ne vivaient pas dans des tipis avant la colonisation. Ils étaient essentiellement sédentaires et vivaient dans des « maisons communautaires », de grandes maisons de bois qui pouvaient parfois abriter une communauté entière de plusieurs familles. A l’encontre d’un autre stéréotype sur les populations amérindiennes, les quileutes avaient un sens très développé de la propriété personnelle. Il était possible et même très valorisé de posséder des territoires de pêche et de chasse, des objets, des esclaves, mais aussi des biens « immatériels » tels que des chansons, des danses, etc.
Comment étaient-ils organisés ?
Les communautés étaient hiérarchisées : elles étaient organisées en classes sociales, avaient un chef et pouvaient pratiquer l’esclavage, particulièrement pour les ennemis vaincus. Une maison commune quileute, par exemple, avait à sa tête un « chef », et était organisée en trois autres classes sociales : les nobles, les roturiers et parfois les esclaves. Le statut social était directement lié à la prospérité personnelle, ainsi le mot quileute pour chef : ˀá•čit signifiait également « prospère ». Malgré la valorisation de la propriété personnelle, ils pratiquaient le Potlatch.
Le Potlatch, qu’est-ce que c’est ?
C’est un mot d’origine chinook, qui signifie « donner ». Ce terme générique était utilisé pour désigner des cérémonies traditionnelles au cours desquelles un individu faisait volontairement don d’une partie de ses biens et de ses possessions au reste de la communauté.
Ce principe de redistribution des richesses a beaucoup frappé les sociétés européennes qui le voyaient comme une preuve du peu d’attachement des Premières Nations d’Amérique aux biens matériels. Cela était pourtant une simplification : certaines cultures avaient un sens aigu de la propriété privée et le potlatch était alors une manière de montrer sa prospérité, et d’affirmer un haut statut social.
Les premiers marchands européens à commercer avec ces nations ont parfois détourné le principe du potlatch pour en faire un « troc » à leur avantage : ils donnaient des cadeaux de peu de valeur (verroterie, etc.) contre des biens à la valeur marchande (fourrures, etc.) plus importante, qu’ils pouvaient ensuite revendre à leur profit. Le potlatch a été interdit à la fin du 19ème siècle au Canada et aux Etats-Unis. De nos jours, cette pratique réapparaît peu à peu. Elle est perçue par les membres des Premières Nations comme un symbole de la revitalisation des cultures autochtones.
Sources
Mithun, Marianne. The languages of native North America. Cambridge, UK: Cambridge University Press. (1999).
Campbell, Lyle. American Indian languages: the historical linguistics of Native America. Oxford: Oxford University Press. (1997)
http://www.native-languages.org/
Site de la Nation Quileute:
Si vous avez des informations complémentaires sur cette langue n'hésitez pas à nous contacter : contact@sorosoro.org