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Famille des langues caddoanes
Données sur les langues caddoanes
Où sont parlées les langues caddoanes ?
Avant la colonisation des Amériques, ces langues étaient parlées sur un vaste territoire situé au centre des Etats-Unis d’aujourd’hui, dans la région appelée « les Grandes Plaines ». Désormais elles sont parlées dans les Etats du Dakota du Nord, de L’Oklahoma et du Kansas.
Qui parle les langues caddoanes ?
Les locuteurs sont des membres des « Premières Nations » nord-américaines : la Nation Caddo, la Nation Pawnee et la Nation Arikara (qui est politiquement unifiée avec les Nations Mandan et Hidatsa), qui habitaient la région bien avant l’arrivée des Européens et la création des Etats-Unis.
Site officiel de la Nation Caddo :
http://www.caddonation-nsn.gov/index2.html
Nation Pawnee :
Nombre total de locuteurs (estimation) :
Environ 55 selon l’UNESCO
Environ 70 selon le site ethnologue.com (SIL)
Classification
La famille des langues caddoanes compte à ce jour 4 langues.
Branche sud
Caddo : 25 locuteurs selon UNESCO et SIL
Branche Nord
Wichita : 10 locuteurs selon UNESCO et 3 selon SIL
Pawnee : 10 locuteurs selon UNESCO et 20 selon SIL
Arikara (nom alternatif : ree) : 10 locuteurs selon UNESCO et 20 selon SIL
Kitsai : éteinte
Commentaires sur la classification des langues caddoanes:
Nous suivons ici la classification établie par Mithun (1999), largement consensuelle.
Le caddo, ensemble de trois dialectes, est considéré comme la plus ancienne branche de cette famille. Il est très différent des trois autres langues. Le pawnee et l’arikara sont proches mais ne sont pas mutuellement intelligibles.
Les langues caddoanes ont été un temps rapprochées des langues siouanes et iroquoiennes et rassemblées sous l’appellation de « famille macro-siouane ». Un tel regroupement est considéré comme hypothétique de nos jours par la majorité de la communauté linguistique, et nous ne l’avons donc pas présenté ici.
Le adai, langue disparue et très peu documentée, a été rapprochée par certains linguistes des langues caddoanes, mais le manque de documentation disponible n’a pas permis de vérifier cette hypothèse jusqu’à ce jour.
Les langues caddoanes sont-elles en danger ?
Oui, les quatre langues encore vivantes de la famille sont toutes en grand danger d’extinction dans un avenir très proche, si la tendance n’est pas inversée grâce à des actions de revitalisation d’envergure. Elles sont toutes considérées « en situation critique » selon le classement de l’UNESCO (niveau 4 sur une échelle de 5).
Une des langues de la famille, le kitsai, s’est éteinte dans les années 30 et il se peut également que le wichita ne soit plus parlé aujourd’hui. Pour les autres langues il ne reste qu’une poignée de locuteurs natifs, tous très âgés, et l’anglais est désormais la langue maternelle des personnes de moins de 60 ans.
Certaines Nations, conscientes du danger de voir disparaître un pan important de leur culture, ont mis en place un programme communautaire de préservation et d’enseignement de la langue pour tenter d’enrayer ce processus de disparition, comme la Nation Caddo par exemple :
Institution de sauvegarde, de revitalisation et d’enseignement du caddo :
http://www.ahalenia.com/kiwat/
Eléments ethnographiques
Comment vivaient les locuteurs de langues caddoanes avant la colonisation ?
Tous ces peuples étaient semi-nomades et leurs ressources se partageaient entre l’agriculture et la chasse. La culture principale était celle du maïs, et ils ne quittaient leurs habitations « permanentes » que pour de longues campagnes de chasse au bison. Ils ne vivaient pas dans des « tipis » toute l’année, ceux-ci étaient plutôt des abris provisoires utilisés pendant les chasses. Les habitations permanentes pawnees, par exemple étaient des constructions de bois et de terre, semi-enterrées, qui pouvaient abriter entre 30 et 50 personnes.
Comment étaient-ils organisés ?
Les sociétés des peuples de langue caddoanes étaient très structurées : une communauté pawnee, par exemple, avait à sa tête un chef et était composée de plusieurs « maisons communautaires », elles-mêmes divisées en deux sections, traditionnellement Nord et Sud. Ces sections comportaient plusieurs familles qui se répartissaient les tâches quotidiennes.
Ces sociétés étaient par ailleurs matrilinéaires, et si les chefs étaient toujours des hommes, ceux-ci transmettaient leur charge non pas à un de leur fils, mais plutôt à un des fils d’une de leurs sœurs. Les femmes possédaient un rôle décisionnaire important au sein de la communauté.
Comment vivent-ils de nos jours ?
Les Nations Caddo, Pawnee, Wichita et Arikara jouissent d’une certaine autonomie politique au sein des Etats-Unis.
Elles sont gouvernées par des « conseils tribaux » élus et sont dotées d’une constitution (celle de la nation Caddo date de 1938, dans sa première version). Elles possèdent un territoire appelé « réserve » sur lequel elles sont en partie souveraines.
Le gouvernement de la Nation Caddo a son siège en Oklahoma, à Binger. Ceux des Nations Pawnee et Wichita se trouvent également dans l’Oklahoma. La Nation Arikara, quant à elle, s’est fédérée avec les nations Mandan et Hidatsa, et leur siège se trouve sur la réserve de Fort Berthold, dans le Dakota du Nord.
Spécificités linguistiques des langues caddoanes :
Parmi les spécificités linguistiques des langues caddoanes nous avons retenu leur système phonologique (l’ensemble des sons utilisé par une langue) et le système de construction des mots :
Le système phonologique
Au premier abord, l’éventail des sons peut paraître relativement petit : en pawnee par exemple il y a 8 consonnes et 4 voyelles ; en caddo on trouve 14 consonnes et trois voyelles.
Mais pour ce qui est des voyelles, il faut ajouter que chacune se manifeste sous deux formes, une courte et une longue.
D’autre part, les langues caddoanes sont des langues à tons, un peu comme le chinois ou le vietnamien. Il y a par exemple trois tons en caddo.
Le système phonétique de ces langues est donc en fait assez complexe.
Le sytème de construction des mots
Comme beaucoup de langues autochtones d’Amérique, les langues caddoanes sont polysynthétiques, c’est-à-dire qu’un mot peut être composé d’une suite de morphèmes lexicaux (substantifs, verbes, adjectifs etc.), comme si des parties de phrases entières étaient soudées les unes aux autres pour constituer un seul mot.
Par ailleurs, ces langues sont agglutinantes : les mots se forment à partir d’une racine lexicale qui porte le « sens » principal, et à laquelle on peut ajouter un certain nombre d’affixes (préfixes ou suffixes : prépositions, articles, pronoms etc. ) qui donnent des indications d’ordre grammatical.
Enfin, les langues caddoanes ont développé un autre type de combinaison appelé verbes sériels : il consiste en une « série » de deux (voire plus) radicaux verbaux successifs qui expriment une notion complexe.
Par exemple, en caddo, on peut trouver des combinaisons de deux racines telles que :
Rikutsk-Takut : « porter-courir » que l’on pourrait traduire par « s’enfuir en emportant quelque chose »
Ra :wi :r-takuk : « colère-courir » que l’on pourrait traduire par « courir rageusement »
Kikaks-ku : « pleurer- s’asseoir » que l’on pourrait traduire par « s’asseoir en pleurant »
Dictionnaire pawnee en ligne (avec audio) :
http://zia.aisri.indiana.edu/~dictsearch/
Projet de documentation du wichita dans le cadre du projet DoBeS :
http://www.colorado.edu/linguistics/faculty/rood-old/Wichita/index.html
Sources :
Mithun, Marianne The languages of native North America. Cambridge, UK: Cambridge University Press. (1999).
Campbell, Lyle. American Indian languages: the historical linguistics of Native America. Oxford: Oxford University Press. (1997)
Si vous avez des informations complémentaires sur cette langue n'hésitez pas à nous contacter : contact@sorosoro.org