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Classificateurs numériques
Dans beaucoup de langues, on ne peut pas énoncer directement ce qu’on compte, et il faut toujours associer au numéral un élément dit « classificateur numérique ». Par exemple, on a en chinois :
sān ge rén trois personnes
sān tóu yáng trois moutons
sān zhī gāngbǐ trois stylos
sān zhāng zhuozi trois tables
Le classificateur numérique ge apparaît avec les noms d’êtres humains ; tóu avec ceux de certains animaux domestiques ; zhī avec ceux d’objets allongés et cylindriques ; zhāng avec ceux d’objets plats…
En réalité, le développement de classificateurs numériques ne fait que systématiser un phénomène existant en français, quoique de façon embryonnaire. En français, certaines notions sont désignées de façon indénombrable, le critère morphologique étant l’article dit partitif du, de la. On dit par exemple du riz, du bétail, du papier, du sucre. Mais la réalité décrite se présente sous la forme d’entités individuelles, bien que le plus souvent petites.
Quand on veut les compter, il faut exprimer cette individuation, en décrivant la forme de l’entité : on a ainsi trois grains de riz, trois têtes de bétail, trois feuilles de papier, trois morceaux de sucre… C’est pourquoi les classificateurs numéraux apparaissent le plus souvent dans les langues sans nombre grammatical, c’est-à-dire où tous les noms sont traités comme non dénombrables. Comparons ainsi le mot papier et le mot stylo, en français et en chinois :
zhǐ du papier
sān zhāng zhǐ trois feuilles de papier
gāngbǐ un stylo, des stylos (comme si on disait « du stylo »)
sān zhī gāngbǐ trois stylos (comme si on disait « trois tiges de stylo », sur le modèle « trois feuilles de papier »)
Tout comme en français, à la place des classificateurs proprement dits on peut avoir des noms de mesure (trois kilos de sucre, trois mètres de tissu, trois litres d’eau…) ou de contenant (trois tasses de café, trois verres d’eau, trois sacs de riz…).
Note : Attention, zhǐ « papier » est un mot différent de zhī « classificateur des choses allongées », vu plus haut : le ton n’est pas le même.