Imprimer |
10-11 octobre 2011 : nouvelles de la langue amazighe (kabyle) en Algérie
Dans la presse algérienne des jours derniers, il est beaucoup question de la place du tamazight, la variante kabyle de la langue berbère, et du concept d’ « amazighité ».
D’une part, le quotidien El Watan fait état dans son édition du 11 octobre d’une manifestation d’enseignants de tamazight devant le siège de la direction de l’Education de Bouira, à 120 kms au sud-est d’Alger.
L’enseignement de la langue a certes été introduit dans le système éducatif en 1995, mais les moyens octroyés s’avèrent insuffisants, tout au moins dans cette région. Les manifestants ont donc réclamé l’ouverture de nouveaux postes budgétaires et l’augmentation des manuels scolaires en langue amazighe. Ils ont regretté aussi l’absence de stratégie d’encouragement de la filière et dénoncé « le mépris de la tutelle devant leurs doléances ».
Pour lire l’intégralité de l’article
Parallèlement, la Dépêche de Kabylie revient sur un colloque qui se tenait à Ouargla (800 kms au sud d’Alger) les 10 et 11 octobre. Organisé par le HCA (Haut Commissariat à l’Amazighité), ce colloque était intitulé « La composante amazighe dans l’identité algérienne : Etat des lieux ».
L’objectif était ici de « dresser un tableau psychologique, socioculturel, linguistique et anthropologique de l’expérience coloniale » et les débats ont tourné essentiellement autour du rôle de la langue dans l’édification de l’identité.
L’un des intervenants, Moussa Imazarène, maître de conférence à l’université de Tizi Ouzou, a en particulier traité de l’influence du français, langue de la colonisation, sur le tamazight : de l’emprunt de mots de vocabulaire à des changements syntaxiques, voire à une substitution totale.
Pour M. Gaouaou Manaa, professeur à l’université de Batna, « la langue est le véhicule principal de l’identité ». Il a aussi insisté sur la justesse du mot « totalitarisme » pour désigner la situation à une époque où « il était interdit de parler en tamazight ».
Cette période est visiblement révolue, puisque Moussa Imazarène a souligné que désormais l’enseignement en langue berbère était pour beaucoup dans la grande réussite des candidats de sa région de Tizi Ouzou aux examens du BAC.
Au final, force est donc de constater avec le journaliste que « même si les réactions d’ostracisme à l’encontre du fait amazigh sont encore légion, il n’en demeure pas moins que l’affirmation de l’identité amazighe est désormais une réalité sociale et culturelle en Algérie ».