Imprimer |
13 avril 2011 : article dans le Guardian intitulé « Langue menacée d’extinction – les deux derniers locuteurs ne se parlent pas »
C’est une histoire que l’on a déjà entendue et qui prête à sourire en premier lieu : que se passe-t-il quand une langue ne compte plus que deux locuteurs et que ces deux-là ne se parlent pas… ?!
Au-delà de l’anecdote, qui est contée ici par le journal britannique The Guardian, l’article permet de découvrir cette langue méconnue de la région de Tabasco au Mexique, l’ayapaneco, aussi appelée nuumte oote, qui signifie « la vraie voix ». Elle avait pourtant survécu à la conquête espagnole, aux guerres, aux famines et aux inondations, mais voilà, aujourd’hui ils ne sont plus que deux à pouvoir la parler couramment : Manuel Segovia, âgé de 75 ans, et Isidro Velazquez, âgé lui de 69 ans, qui vivent tous deux au village d’Ayapa, à 500 mètres l’un de l’autre. Dans leur enfance, tout le monde s’exprimait en ayapaneco, mais aujourd’hui, seul Manuel Segovia le pratique, avec son fils et sa femme, qui le comprennent encore mais sans le parler.
Que s’est-il donc passé depuis un demi-siècle qui ait été fatal à cette langue ancestrale ? Tout d’abord la scolarisation en espagnol depuis le milieu du XXème siècle, et avec elle l’interdiction faite aux enfants de parler les langues indigènes, puis l’urbanisation et les migrations à partir des années 70, ont scellé le destin du nuumte oote.
Aujourd’hui, un anthropologue linguiste de l’Université d’Indiana, Daniel Suslak, travaille à la mise sur pied d’un dictionnaire d’ayapaneco, une véritable course contre la montre étant donné le peu de sources et l’âge des locuteurs.
L’article rappelle aussi que le Mexique compte aujourd’hui 68 langues, elles-mêmes réparties en 364 variantes. Et donne une liste de certaines des langues les plus menacées au monde, celles dont les locuteurs se comptent sur les doigts d’une main.
Lire l’article du Guardian (en anglais)
Lire l’article publié par Milenio (en espagnol)
Lire notre fiche descriptive sur l’ayapaneco